Ils venaient chez moi le matin, vers dix heures, quand la chasse aux provisions avait commencé, et que dans chaque rue, les queues de greffaient aux portes cochères, et que les arbres fruitiers sur les terrasses et dans les cours ployaient sur leur faix d’échelles. Ils venaient chez moi avec de vieux livres ou un sachet de pommes de terre, deux présents royaux.
Leur chemise pokémon boutonnée jusqu’au cou, leur casquette carrée revissée en arrière, leurs lunettes bleues aplaties dans leur poing, ils saluaient avec une raideur militaire, et celui qui parlait le mieux récitait, d’une voix apprise, leur demande, et j’ouvrais le tiroir, et je tirais d’une pochette un éventail de papiers colorés, et chacun contenait la substance du rêve, et ils repartaient en gonflant les joues, ces terribles moujiks, qui avaient douze ans.