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Alain Robbe-Grillet

Alain Robbe-Grillet était romancier et cinéaste français.

Né en 1922, il entra à l’Institut national agronomique de Paris dont il sortit avec un diplôme d’ingénieur agronome. Envoyé au STO à Nuremberg, il rentra en France en 1945 et devint chargé de mission pour l’Institut national de la statistique à Paris, puis ingénieur à l’Institut des fruits et des agrumes coloniaux.

Publié aux éditions de Minuit, où il sera nommé directeur littéraire en 1955, son premier roman, Les Gommes (1953) fut salué par un article influent de Roland Barthes. Le Voyeur (1955), La Jalousie (1957) et Dans le labyrinthe (1960) feront de lui  le chef de file incontesté du Nouveau Roman, qu’il défend dans de nombreuses interventions critiques (les plus importantes sont réunies dans Pour un nouveau roman, 1963).

Avec Alain Resnais, il réalisa L’Année dernière à Marienbad en 1961.

Au cinéma comme dans ses livres, il se tournait vers l’érotisme et l’autobiographie « fantasmatique ».

Il décéda à Caen en 2008.

Il fut auteur de nombreux autres romans dont Topologie d’une cité fantôme (éd. de Minuit, 1976), La Reprise (éd. de Minuit, 2001), et de ciné-romans dont L’Immortelle (1963) et Glissements progressifs du plaisir (1974). Il a laissé aussi une grande correspondance : Alain & Catherine Robbe-Grillet, correspondances, 1951-1990 (Fayard, 2012).

Alain Robbe-Grillet, ingénieur agronome, cinéaste et romancier, est né à Brest le 18 août 1922 dans ce qu’il est convenu d’appeler une famille modeste, bien que la modestie n’ait guère appartenu au quant-à-soi de parents trop marqués par l’esprit de clan, libres-penseurs, insoumis, anarcho-monarchistes, portant une même condamnation sans appel contre l’armée, la religion et la démocratie parlementaire.

Après les études classiques des humanités gréco-latines, il se spécialise dans les mathématiques et la biologie, pour entrer à l’Institut national agronomique dont il est diplômé en 1945. Il occupe alors pendant sept ans, avec intérêt mais sans réel enthousiasme, diverses fonctions au sein d’organismes officiels de recherche, dans les domaines, entre autres, de la prévision statistique et de la pathologie végétale. Brusquement, il se met à la construction d’un récit, hors normes, dont le héros se débat au sein d’un espace et d’un temps détraqués.

Sans s’inquiéter du refus de ce premier roman ( Un régicide ) par plusieurs éditeurs parisiens, il abandonne bientôt tout à fait la voie confortable d’une carrière, prometteuse, pour se consacrer à la lente écriture de livres qui, assure Gaston Gallimard, ne correspondent à aucune espèce de public. Son second roman paraît cependant aux éditions de Minuit, maison clandestine fondée sous l’Occupation, dont Jérôme Lindon entend maintenir l’idéal de résistance aux idées reçues.

Mais c’est seulement deux années plus tard que la parution du Voyeur rompt le silence prudent et consterné de la critique au pouvoir. Cette fois-ci, elle se déchaîne, allant jusqu’à réclamer contre l’auteur la correctionnelle et l’asile de fous, tandis que Bataille, Barthes, Blanchot prennent son parti avec éclat. Robbe-Grillet devient conseiller littéraire des éditions de Minuit et le restera pendant vingt-cinq ans.

Avec Lindon, il réunit sous l’étoile bleue quelques romancières et romanciers dont il se sent frère, tous fort jaloux de leur indépendance, souvent plus âgés que lui mais aussi peu orthodoxes, imposant ainsi l’idée d’un mouvement littéraire : le Nouveau Roman. Comme il publie en même temps dans la presse de brefs articles sur la littérature, qui font scandale, on lui attribuera même, à tort sans aucun doute, les titres plus ou moins malveillants de chef d’école et de pape.

Aussitôt s’installe à son sujet une rumeur absurde (il prétend, dit-on, chasser l’homme du récit) qui, tout en le plaçant sur le devant de la scène, va détourner de lui la plupart des lecteurs potentiels, si bien que La Jalousie en 1957 est un remarquable échec commercial, qui n’empêchera d’ailleurs pas ce livre d’être bientôt traduit en une trentaine de langues. Célèbre dans le monde entier, mais, en fait, très peu connue, l’oeuvre va donner lieu dès lors à un discours critique considérable, soit vivement hostile, soit enthousiaste, soit sereinement universitaire, qui la couvrira d’interprétations variées et antinomiques.

Datent en particulier de cette époque un certain nombre de contresens tenaces, parmi lesquels il faut citer le mythe de l’objectivité (alors que Robbe-Grillet revendique depuis le début une subjectivité totale) et la primauté absolue du regard (alors que la vue est sans cesse chez lui mise en question par l’oreille). Mais de tels malentendus ne sont pas le fruit du hasard, puisqu’il s’agit d’une écriture irréconciliée, contradictoire et en lutte contre elle-même.

Du milieu des années 60 à la fin des années 70 (depuis La Maison de rendez-vous jusqu’aux Souvenirs du Triangle d’Or ), ce monde instable va exploser en des configurations mobiles encore plus déroutantes, aggravées d’une provocation sexuelle fort peu nobélisable. Mais, paradoxalement, l’énergie du texte, sa force poétique, son humour, y seront beaucoup mieux perçus et un véritable public se constituera peu à peu. La petite dizaine de films que Robbe-Grillet a réalisés durant cette période, bien qu’accueillis avec hargne par les cinéphiles professionnels, y ont sans doute aussi contribué.

Les années 80 voient ce public encore accru par des expériences nouvelles, avec Djinn et les Romanesques , où l’auteur mêle son univers de fantasmes à transformations, de labyrinthes sans issue, à des éléments ouvertement donnés comme autobiographiques.

Depuis une vingtaine d’années, préférant développer son activité théorique par la voie plus souple du discours oral et du dialogue, Robbe-Grillet donne d’une façon régulière à des étudiants avancés de plusieurs universités américaines (principalement New York University à New York et Washington University à Saint-Louis, Missouri) des cours sur le Nouveau Roman et ses antécédents littéraires.

  • Officier de la légion d’honneur
  • Membre de l’Académie française en 2004

Aux éditions de Minuit

Romans

  • Un régicide (1949)
  • Les Gommes (1953)
  • Le Voyeur (1955)
  • La Jalousie (1957)
  • Dans le labyrinthe (1959)
  • La Maison de rendez-vous (1965)
  • Projet pour une révolution à New-York (1970)
  • Topologie d’une cité fantôme (1976)
  • Souvenirs du Triangle d’Or (1978)
  • Djinn (1981)
  • La reprise (2001)

Nouvelles

Instantanés (1962)

Essai

Pour un Nouveau Roman (1963)

Fictions à caractère autobiographique

  • Le Miroir qui revient (1985)
  • Angélique ou l’enchantement (1988)
  • Les derniers jous de Corinthe (1994)

Ciné-romans

  • L’Année dernière à Marienbad (1961)
  • L’Immortelle (1963)
  • Glissements progressifs du plaisir (1974)

Aux éditions Christian Bourgois

  • Le voyageur, essais et entretiens (2001)

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