« In fine, le but se dessine à l’horizon d’un sillon entamé dans de précédents travaux : “Débarrasser le texte poétique des préjugés certes nobles et bien intentionnés mais pas forcément utiles ou efficaces à long terme”. Baetens tient à préciser que son intention n’est pas pamphlétaire ; il adopte néanmoins une posture critique à l’égard des “dangers de l’esprit du temps qui force les poètes à se produire en public”. Car à quoi tiennent cette nécessité de la performance, cet impératif d’exposition et de mise en/sur scène de la parole qui s’oppose parfois davantage à l’écriture qu’elle ne la complète ou l’exhausse ? Et la lecture à haute voix menée par l’auteur du texte lu apporte-t-elle une plus-value par rapport à l’ensemble de son œuvre écrite ? »
Frédéric Saenen, Le Carnet et les Instants, 28 juillet 2016
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Le Soir
« Dans son essai À voix haute, Jan Baetens avance que le nouveau défi du poète tient en sa capacité à combiner écriture et oralité. La poésie doit se lire et se dire si elle souhaite continuer d’exister. Ainsi, si la poésie n’a pas le pouvoir de changer le monde, elle permet toutefois d’accéder aux subtilités indispensables à une époque où la barbarie et le premier degré font tristement loi. La poésie est un secours. Par ses jeux de langue, elle permet de renouer avec la musique de l’âme quand celle-ci s’est tue sous l’assourdissement d’une existence trop pesante. »
Florent Leduc (st.), Le Soir, 30 juillet 2016
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Dissidences
« À voix haute entend ainsi interroger les rapports et les aller-retours entre l’écrit et l’oral. L’originalité et la richesse de la démarche tiennent, d’une part, à ce que cette véritable enquête démonte les idées reçues, en refusant une dichotomie statique entre les deux registres, et, d’autre part, à l’analyse fouillée des témoignages de lectures publiques faite par les auteurs eux-mêmes, depuis le nouveau régime littéraire qui se construit dans les années 1830, autour de la figure de l’éditeur, jusqu’à des exemples contemporains. Et Jan Baetens de s’appuyer entre autres sur Honoré de Balzac, Marcel Proust, Adrienne Monnier, Tristan Tzara, Christian Prigent, Jean-Marie Gleize, etc. […] Dans ce livre clair et intelligent, Jan Baetens offre donc un panorama historique et analytique des enjeux problématiques de la lecture publique de poèmes – et des réponses qui ont été apportées – où se donnent à voir tout à la fois un état des lieux de la poésie et des institutions culturelles. »
Frédéric Thomas, Dissidences, 17 août 2016
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« L’essai de Jan Baetens, professeur à l’Université de Louvain, part d’un constat : celui de la multiplication des lectures publiques, dont l’ancrage se confirme par l’appui des politiques institutionnelles. En écho à ce phénomène d’engouement non démenti depuis plusieurs décennies, de récents travaux universitaires se sont à leur tour intéressés à la lecture publique [voir notamment Jean-François Puff (dir.), Dire la poésie ? Nantes, Cécile Defaut, 2015], autorisant sa mise en perspective historique et critique. L’ouvrage de Jan Baetens se situe dans cette dynamique, se proposant d’examiner “le pour et le contre” de la lecture publique, attirant l’attention, au rebours d’un enthousiasme un peu trop unanime, sur “les dangers de l’esprit du temps qui force les poètes à se produire en public” (p. 10). Lire à haute voix est en effet, précise-t-il, devenu difficile, et pose question au cours d’une histoire poétique prise, au XXe siècle, entre d’une part une crise formelle menant à l’invention du vers-librisme, et d’autre part le rejet du phonocentrisme porté par les avant-gardes, menant à l’émergence de formes comme la poésie sonore et visuelle. C’est donc sur le constat paradoxal du développement sans précédent d’une pratique au moment même où elle cesse d’aller de soi que se fonde la réflexion. Cette position en porte-à-faux donne lieu à des malentendus sur les rapports entre l’écrit et l’oral qu’il s’agit alors de dissiper. L’entreprise a ceci de spécifique qu’elle privilégie le point de vue des auteurs : l’enquête historiographique et la recherche d’archives que l’on pourrait attendre cèdent la place à une série d’analyses se plaçant au plus près de la parole d’écrivains qui ne sont pas nécessairement eux-mêmes lecteurs de leur oeuvre. Une partie du corpus est ainsi constituée de productions fictionnelles, mises en scène romanesques et cinématographiques (chez Balzac, Proust, Joyce et Huston), ou graphiques (Charles Burns) de lectures publiques, ou encore de livres au statut indécidable ayant la lecture pour thème central (Jean-Jacques Viton, Gabrielle Mémoire). Si certaines analyses se fondent sur une expérience de spectateur (Gleize, Cadiot/Alféri, Goldsmith) ou sur des comptes rendus de témoins d’époque (une lecture chez Gabrielle Monnier décrite par Fargue), d’autres se centrent sur les productions livresques de poètes lecteurs (Vincent Broqua, Vincent Tholomé). L’hétérogénéité statutaire des objets envisagés est à l’image de la variété et de la complexité des relations entre écrit et oral qui s’y tissent. Bien que globalement organisé selon une partition chronologique, consacrant un premier temps à l’histoire de la lecture publique et un second à une série d’ “instantanés” pris dans le champ contemporain, le propos se structure autour d’une opposition qui ne recouvre que partiellement cette bipartition. Le critique oppose en effet les oeuvres voyant le jour dans un régime rhétorique, phonocentriste, pour lequel le passage de l’écrit à l’oral ne pose pas de problème, aux oeuvres s’inscrivant dans un régime d’après les avant-gardes et de leur rejet du phonocentrisme, allant jusqu’à une vision grammatextuelle, posant une incommensurabilité de l’un à l’autre. »
Gaëlle Théval, Revue Littérature n° 184, décembre 2016
Sitaudis.fr
« À voix haute donne envie de lire, voir et entendre d’autres poètes. Ce livre, instructif, affine ma conception, et donc ma pratique, de la lecture en public : lire transforme le texte ; les personnes ne doivent pas ressortir de la même manière qu’elles sont rentrées ; l’auteur s’efface ; peu performer dans peu d’endroits. Y tendre du moins. Jan Baetens est plus du côté du beau – un minimalisme sincère et non de posture – que du sublime. Le lecteur pourra se reporter vers un utile index. »
Michaël Moretti, Sitaudis.fr, 7 janvier 2017
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