Ce livre explore un continent méconnu de l’histoire littéraire française : il aborde une série de poètes qui, nés en Amérique latine, ont publié des recueils en langue française. Déployant une histoire qui mène de Lautréamont et de Jules Laforgue (fin XIXe siècle) jusqu’à des poètes et des poétesses contemporaines, il revisite surtout la période des avant-gardes, en retraçant les parcours du Franco-uruguayen Jules Supervielle (1884-1960), du Chilien Vicente Huidobro (1893-1948), de l’Équatorien Alfredo Gangotena (1904-1944), du surréaliste péruvien César Moro (1903-1956), de l’Argentine Gloria Alcorta (1915-2012), du Franco-vénézuélien Robert Ganzo (1898-1995) ou encore du moderniste brésilien Sérgio Milliet (1898-1966). Tous ces poètes bilingues ont choisi d’écrire dans la langue d’Apollinaire, durablement ou momentanément, pour des raisons à la fois esthétiques, affectives, symboliques ou socio-culturelles. Longtemps marginalisés par la critique, ces écrivains novateurs ont participé aux grandes aventures formelles de la poésie dans la première moitié du siècle, en séjournant dans le Paris cosmopolite de l’époque où ils ont été reconnus par les principaux artistes de leur temps (par Apollinaire, Artaud, Breton, Cendrars, Éluard, Michaux, Picasso ou Reverdy, tous très présents dans ce livre). Tous ces parcours transatlantiques – « diamétralement modernes » – permettent ainsi de reconnecter la poésie française à des espaces qui débordent à la fois l’hexagone et les régions francophones.