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Je suis mon rêve

Domaine(s) :
Thème(s) :
ISBN : 978-2-87449-127-6
Format : 24 x 32 cm
Pagination : 80 pages
Prix : 18€
Parution : février 2012

Je suis mon rêve (Soy mi sueño) est une bande dessinée historique qui aborde un sujet et une période mal connus du XXe siècle : la Seconde Guerre mondiale en Crimée et les souffrances d’une population exposée aux avancées et reculs des armées allemande et soviétique. Racontée du point de vue d’un aviateur, l’histoire innove par sa densité thématique. L’anecdote historique, le récit familial, la longue durée des nations et le temps du mythe se relaient et se croisent sans arrêt. Œuvre d’une grande beauté formelle, Je suis mon rêve est aussi un témoignage indirect sur la guerre civile, en Espagne et ailleurs en Europe, et une réflexion très profonde sur la rencontre d’une destinée individuelle et des grands mouvements de la culture. Le roman graphique de Felipe Hernández Cava, l’un des scénaristes majeurs de la BD européenne, et Pablo Auladell est également une tentative superbe et poignante de donner forme à l’expérience de ceux qui font et subissent la guerre.

« Si la bande dessinée est traditionnellement le règne de la fiction, de l’aventure, de l’évasion, les formes contemporaines du médium sont attirées plutôt par l’autobiographie, le document, le témoignage, bref, les faits plutôt que l’invention. Œuvre résolument moderne, Je suis mon rêve offre quelque chose de plus intrigant : une fiction historique, une histoire revue par le double filtre de la mémoire et de l’imagination, dégageant ainsi une réflexion profonde sur le sens de l’histoire et les manières de prendre position par rapport aux totalitarismes du XXe siècle.

L’album de Pablo Auladell (dessin) et Felipe Hernández Cava (scénario), figures-clé de la bande dessinée espagnole contemporaine, est situé de manière précise dans le temps comme dans l’espace et relate l’histoire d’Erich Hafner, jeune aviateur allemand qui a adhéré au nazisme. Victime d’un accident durant le siège de Sébastopol (mai 1942), il est recueilli par Solaya, chamane tatare, qui le soigne et engage avec lui un dialogue télépathique. Commence alors pour Erich un parcours initiatique, véritable renaissance qui le conduira à une introspection où les dimensions individuelles, familiales et collectives seront totalement intriquées, de même que le présent, le passé et le futur. Revenu à Dresde après sa guérison à la fin du récit, Erich Hafner rejoint l’aérodrome et s’envole à bord de son avion de chasse. Il repense à la philosophie de Schopenhauer tout en gagnant de l’altitude. Solaya lui apparaît à ce moment-là sous les traits d’un ange. Pris en chasse par une formation alliée, il meurt dans le ciel de Dresde en mai 1945. La dernière case sur un fond noir laisse apparaître trois répliques, “Je suis mon rêve”, donnant ainsi son titre au récit.

Mais ce parcours est avant tout un parcours mental qui le conduit de la Crimée à Dresde avec des incursions dans le passé. Librement inspiré d’un événement fondateur de la vie de l’artiste Joseph Beuys et dialoguant avec la philosophie d’Arthur Schopenhauer, le récit expose le conflit entre deux façons de donner sens au passé et au monde : l’évocation historique des faits, d’une part, le retour plus distancié sur la vie à l’aide de la mémoire, du récit et de l’imagination, d’autre part. De la même façon, Je suis mon rêve offre aussi une réflexion très profonde sur deux façons de penser et de vivre le monde : le totalitarisme, en l’occurrence le nazisme et le stalinisme, tout de jugements préconstruits et immuables quels qu’en soient les effets atroces ; l’engagement ouvert dans la vie, qui se prête à la révélation de l’inconnu.

Je suis mon rêve offre un condensé de l’histoire du XXe siècle. Le héros traverse des événements, des lieux, mais aussi des images, des représentations, des idéologies, qui ne sont pas seulement vraisemblables, comme dans une fiction traditionnelle, mais authentiques et parfaitement reconnaissables : d’un as de l’aviation de la Première Guerre mondiale, le Baron Rouge, à Guernica et du supplice du peuple tatare au bombardement de Dresde. En même temps, cette histoire est transfigurée par la mémoire, puis par l’action magique de la chamane Solaya : l’une et l’autre conduiront Erich Hafner à se détacher peu à peu de ses convictions premières, puis à rompre avec le rapport direct, figé, univoque avec le monde, afin d’y substituer l’idée du monde comme “représentation”, c’est-à-dire comme mémoire, imagination, récit et rêve.

La technique de l’album – très complexe mais cohérente et d’une richesse que ne peut épuiser une seule lecture – soutient ce glissement du monologue au polylogue : scission du personnage-héros et du personnage-narrateur, chevauchement des séries temporelles, superposition des motifs et des chaînes thématiques, conjonction, enfin, de l’image finie et de l’image en train de se faire, inachevée, brouillée, toujours à compléter par le lecteur qui est invité à revivre à la fois l’aventure d’Erich Hafner, celle du scénariste confronté à la question du totalitarisme en Europe, celle aussi du dessinateur qui donne forme à la libération progressive de soi et du monde, puis au courage de renoncer peu à peu aux certitudes mortifères.

Œuvre d’une grande beauté formelle, Je suis mon rêve témoigne du courage de la bande dessinée contemporaine d’aborder les grands thèmes de la littérature, de l’histoire et de la philosophie, dans un langage qui lui est propre et qui loin de simplement illustrer l’idée ou l’événement, les recrée, voire les crée d’une manière totalement inédite. »

BDZoom.com

« Ce récit énigmatique, librement inspiré par l’accident d’avion de Joseph Beuys survenu en Crimée (l’un des événements les plus légendaires de l’histoire de l’art contemporain), repose sur les dialogues entre un pilote de la Luftwaffe survolant le front russe avec une femme absente. Le lecteur arrivera difficilement à discerner le rêve de la réalité et le somptueux traitement graphique de l’illustrateur Pablo Auladell (proche de celui d’un Frédéric Bézian chez nous) rend d’autant plus énigmatique cette histoire revue par le double filtre de la mémoire et de l’imagination. »

Gilles Ratier, BDZoom.com, 5 mars 2012

Lire l’article complet sur le site BDZoom.com

Lettres de la Magdelaine

« Je ne saurais trop conseiller au lecteur de se réserver (l’excellente) préface de Viviane Alary, pour la confronter à ses impressions de lecture, une fois l’album terminé. Sachez juste qu’il y est question d’un aviateur allemand, des totalitarismes, et du dialogue télépathique avec une chamane tartare, d’un parcours initiatique donc. Le travail graphique et le scénario (dont le découpage en grandes séquences) sont une parfaite réussite. »

Ronald Klapka, Lettres de la Magdelaine, 7 mars 2012

Lire l’article complet sur le site des Lettres de la Magdelaine

Radio Escapades (Écritures dessinées)

Chronique de Bruno Canard, le 8 mars 2012.

Une autre histoire

« Voyage initiatique aux tréfonds de l’inconscient, des souvenirs, de l’imagination et de la souffrance, Je suis mon rêve est un livre admirable. C’est sans aucun doute vers la mort que ce voyage va entrainer Erich, mais c’est aussi d’abord vers le chemin du pardon et de la compréhension qu’il devra passer avant de continuer ou non son périple. Les dessins de Pablo Auladell sont d’une rare beauté. Étranges, émouvants, d’une force émotionnelle exceptionnelle, chaque planche est assez fascinante tant par sa composition que par sa narration originale. Pablo Auladell avait déjà réalisé le magnifique La tour blanche aux éditions Actes Sud, sublime récit sur l’enfance, l’amour et les souvenirs. Felipe Hernandez Cava, Berlin 1931 aux éditions Amok, Les mémoires d’Amoros toujours chez Amok ou Le piège aux éditions actes Sud/L’an 2 sont autant de livres magnifiquement écrits par ce grand scénariste. Je suis mon rêve est un livre qu’il est strictement interdit d’éviter. Il faut le lire. »

David Fournol, Une autre histoire, 28 mars 2012

Salon littéraire

« Cet album déploie une fiction historique, récit foisonnant où l’équipe chevaleresque s’éprend d’idéal communautaire et dépeint une trame revue par le double prisme de la mémoire et de l’imaginaire. Par la force de l’écriture se construit une réflexion profonde sur le sens de l’histoire dans l’Histoire et les mille et une façons de prendre position face aux totalitarismes qui ont ensanglanté le XXe siècle. […] Osant une technique complexe, Pablo Auladell mixe à merveille les strates d’un personnage multiple, à la fois héros de l’histoire et narrateur. Une réussite qui s’appuie sur la puissance du récit de Cava ; ainsi l’album superpose-t-il les motifs et les chaînes thématiques : le lecteur est invité à revivre à la fois l’aventure d’Erich Hafner, celle du scénariste confronté au totalitarisme et enfin celle du dessinateur qui met en mouvements la libération progressive de soi et du monde… Œuvre d’une grande beauté formelle, Je suis mon rêve démontre que la BD sait se grandir quand l’occasion se présente et peut traiter des grands thèmes de la littérature avec ses propres armes, dès que deux talents se rencontrent… »

François Xavier, Salon littéraire, 30 mars 2012

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Télérama

« Sans craindre le trop-plein de références (jusqu’à l’intrusion finale de Schopenhauer pour éclairer le sens philosophique de l’aventure…), et dans d’incessants glissements de lieux et d’époques, Felipe Hernandez Cava double un récit mobile, ouvert, im­prévisible de bout en bout, d’une éclairante plongée dans le siècle des horreurs totalitaires. On y est littéralement aspiré par le dessin de Pablo Auladell : une évocation graphique envoûtante, d’une intensité feutrée, où se réinvente l’explicite cruauté de la tragédie en marche et où s’impose l’impalpable et obsédante présence des fantômes qui hantent le héros. »

Jean-Claude Loiseau, Télérama, 11 avril 2012

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Parutions.com

« Felipe Hernández Cava, un des scénaristes majeurs de la scène espagnole, utilise les mécaniques narratives avec une puissance impressionnante. Les séquences se suivent en dépit de tout ordre chronologique, comme les pièces d’un puzzle, reconstituant le parcours malheureux d’un allemand du troisième Reich : le couple déchiré de ses parents, l’ombre de l’amant juif de sa mère, ses fantasmagories enfantines de western, la rencontre avec un jeune travailleur soviétique ou encore ses missions militaires.
On peut y reconstituer, comme le suggère la préface, les différentes étapes d’un vingtième siècle confus et emporté ; on peut aussi se perdre dans les superbes images de Pablo Auladell, marquant son trait limpide de gris charbonneux et de discrètes trames, mêlés de quelques documents d’archives. On peut surtout y retrouver un récit psychologique d’une profonde richesse : les errances d’un homme comme les autres, à la conscience si troublée qu’il ne distingue plus le réel de l’imaginaire, cherchant à reprendre pied.
Dans Je suis mon rêve, il y a être et il y a suivre ; l’essence de la pensée et le fil de la narration, l’immobilité et le temps. C’est une histoire qu’on n’aurait pas pu raconter autrement qu’en bande dessinée. »

Clément Lemoine, Parutions.com, 20 avril 2012

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Du9

« Il existe des livres dont vous n’avez jamais entendu parler mais qui vous frappent l’œil. Dans un contexte de surproduction, ces découvertes sont peu nombreuses, la facilité poussant à se tourner vers les auteurs que l’on connait déjà. Avec sa couverture magnifique, Je suis mon rêve est de ces livres discrets qui ont su attirer mon regard, et m’ont alors permis de me laisser tenter par la découverte d’auteurs qui m’étaient inconnus. Dans ces rares moments on craint presque d’ouvrir le livre, de peur d’être déçu. Ici, il n’y a rien à craindre, le travail plastique tient ses promesses, en restant majestueux tout au long de l’ouvrage. La technique surprend dans son utilisation de la matière, mêlant un dessin charbonneux, des rehaussements de peinture blanche, quelques intégrations de photos et une couleur orange spectrale. Ici, chaque trait se fait porteur de sens, alors que les cases donnent toujours lieu à une lecture sur plusieurs plans. Le dessin s’y dédouble à l’envie, accompagnant habilement un scénario complexe jouant sans cesse entre passé et présent, réalité et fiction, rêve et éveil. »

Maël Rannou, Du9, mai 2012

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Notes bibliographiques

« Je suis mon rêve flotte aux limites du rêve éveillé. L’esprit vagabond libère les souvenirs, les regrets et les doutes en un récit qui peut sembler chaotique pour certains et magnifiquement onirique pour d’autres. Il éclaire les erreurs, les compromissions, les tyrannies. […] Une œuvre élitiste peut-être, mais qui ne peut laisser indifférent en raison de la pertinence des questions qu’il pose, de la qualité et de la force des images. »

Denis Lathoud, Notes bibliographiques, juillet 2012

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Notes bibliographiques

Pour en savoir plus sur leur implication personnelle dans la confection de Je suis mon rêve, ne manquez pas l’interview des deux auteurs espagnols menée par Denis Lathoud dans la revue Notes bibliographiques, juillet 2012.

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BDencre

« Un album qui va chercher dans la tragédie et l’horreur tant de beauté et de poésie qu’il en est particulièrement troublant. Le procédé narratif, qui s’appuie sur la transe chamanique des héros, brouille complètement les pistes entre le passé, le présent et le futur. Ce procédé narratif sert parfaitement le fond de l’histoire et met en lumière la similitude des processus de marginalisation, d’exclusion et d’extermination des populations, en l’occurrence de l’Europe centrale des XIXe et XXe siècles. En différentes époques, proches mais pourtant éloignées, ces contrées mettent en action des populations qui se croisent dans un jeu macabre de chaises musicales orchestré par la mort. Le style graphique de Pablo Auladell, original et d’une remarquable beauté, sert parfaitement ce récit complet où se mêlent réalité historique et fiction. »

Alain Lamourette, BDencre, 21 août 2012

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Lectures

« Une fiction historique revue par le double filtre de la mémoire et de l’imaginaire, dégageant une réflexion sur le sens de l’Histoire et une critique des excès et dérives des totalitarismes du XXe siècle, au travers de leurs violences et destructions tant militaires que civiles. Felipe Hernández Cava, scénariste phare de la BD espagnole contemporaine, fasciné par la dimension éthique de la guerre, construit un récit halluciné, condamnant les forces du mal, de la folie, du mépris des valeurs morales face aux valeurs puissantes du respect, de l’acceptation des minorités et de l’amour des différences. Auladell, dessinateur, illustrateur, traduit en cases et planches intenses toutes les dimensions de la bêtise et de l’hypocrisie universelle au travers de plans-hommages inspirés des plus symboliques créateurs graphiques et picturaux du siècle dernier, celui qui connut les pires génocides et exterminations. »

Franz Van Cauwenbergh, Lectures, septembre-octobre 2012

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Place to be

« Plongée terrifiante au cœur des deux doctrines mortifères du XXe siècle – nazisme et stalinisme – récit fictionnel sur la quête d’un homme, rêverie éveillée à la puissance d’évocation incroyable, Je suis mon rêve témoigne de l’extraordinaire richesse de la bande dessinée espagnole. »

Sylvie G., Place to be, 23 février 2016

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