Chantal Montellier, auteure de nombreuses bandes dessinées très remarquées, a tenu pendant plusieurs années le journal de ses déplacements ferroviaires, dans lequel elle croque sur le vif les conversations dont elle a été témoin. L’imagination et l’écriture ont fait le reste. Le résultat est un livre qui croise la mythologie du voyage en chemin de fer avec un portrait-robot de la France contemporaine, à travers les propos entendus dans un wagon de TGV ou un compartiment de train Corail.
Un livre qui entremêle aussi littérature et sociologie et qui sans cesse ravit, émeut ou choque le lecteur.
Un livre enfin richement illustré par l’auteure, qui renouvelle de façon originale la formule du récit illustré.
« Le train est, paraît-il, le symbole de la vie collective, de la vie sociale, du destin qui nous emporte. Il évoque le véhicule de l’évolution que nous prenons dans la bonne ou la mauvaise direction, ou que nous manquons ; il signe une évolution psychique, une prise de conscience qui nous entraîne vers une nouvelle vie.
Aux alentours de 1996, j’ai été amenée à animer des ateliers d’écriture. Les publics étaient à chaque fois différents : étudiants des Beaux Arts d’Épinal, élèves architectes de Rennes, habitants d’un quartier en difficulté de Nancy, détenus de la maison d’arrêt de Laval. Et à chaque série d’interventions a correspondu une publication, qui compta autant pour moi que mes travaux en solitaire. C’est en me rendant, toujours en train, à ces rencontres, que ce livre-ci est né.
Souvent distraite de mes pensées, de mes écritures et de mes lectures par les conversations à haute voix de mes voisins de compartiment, j’ai fini par en prendre note. D’abord par jeu, ensuite par véritable intérêt “professionnel”. Au fil du temps, ma curiosité s’est aiguisée et je suis devenue de plus en plus friande de ces dialogues ferroviaires, souvent hauts en couleur. L’imagination a fait le reste.
Ma motivation était d’autant plus forte que le thème du train et sa symbolique m’ont toujours hantée. Innombrables sont mes rêves ayant des gares et des chemins de fer pour cadre. Et chaque fois, j’y suis à la recherche du bon train, du bon quai, du bon compartiment, de la bonne place que je ne trouve, hélas, jamais. »
Chantal Montellier