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Du côté des auteurs

Comme le dit avec grande force le beau livre de Judith Schlanger, La Mémoire des œuvres (Verdier poche, 2008), la littérature ne se limite pas à des textes. Elle est un ensemble de pratiques, qui ont nom produire, transmettre, enseigner. À certains moments de l’histoire, ces fonctions coïncident à la perfection – ainsi du classicisme où l’on enseignait les auteurs canoniques à reproduire, dans un but d’imitation et d’émulation mélangées. En d’autres périodes, il y a rupture complète entre production, transmission et enseignement, par exemple quand rejette les modèles traditionnels pour y substituer de nouvelles formes d’écriture dont on précise par ailleurs qu’il n’est pas possible de les apprendre comme on le ferait d’un métier ou d’une technique.

Les bouleversements actuels du système littéraire touchent d’abord à la matérialité du texte, qui s’ouvre au champ très vaste de l’intermédialité. Le texte s’allie aux images, aux sons, aux gestes ; il se fait spectacle et performance ; il passe de la passe à l’écran et à la scène ; il n’aspire plus toujours à épouser une forme durable ou définitive. Mais des changements tout aussi radicaux affectent les rapports entre auteurs et lecteurs, point névralgique s’il en est du choc entre héritage, création et apprentissage. Sous le double coup de la numérisation et de la culture participative, le lecteur moderne se pense comme auteur et surtout décide d’agir comme tel, individuellement ou de façon collective. Les appropriations d’un texte par ses lecteurs sont multiples : l’interprétation en est une, parfois très violente, mais aussi l’achat, le don, le partage, sans oublier le vol, puis aussi la reprise en vue d’une nouvelle création : imitation, parodie, détournement, voire copie, dont un auteur comme Kenneth Goldsmith a souligné les paradoxes en même temps que les innombrables opportunités.

Les deux grandes mutations de la littérature contemporaine, l’éclatement intermédial de l’objet d’une part et l’autonomie croissante de l’acte de lecture d’autre part se recoupent et se renforcent à bien des égards. Le projet des « lectures filmées » des Impressions Nouvelles a pour ambition d’explorer plus avant cette double métamorphose. Ces lectures participent en effet de l’élargissement matériel du texte. Mais comme elles ne sont pas faites par les auteurs mêmes, mais par des lecteurs, il s’ouvre aussi la possibilité de greffer sur l’objet-source des interprétations aussi personnelles qu’inattendues. Une telle initiative s’inscrit au cœur de la démarche transgenre des Impressions Nouvelles, dont il offre une dimension inédite, désormais radicalement ouverte aux lecteurs. Dès la rentrée de janvier 2017, le site web des Impressions Nouvelles publiera donc des lectures filmées de textes de son catalogue, sans distinction d’auteur ou de genre, mais toujours dans l’esprit d’innovation et d’indépendance qui caractérise la maison.

Nous commencerons par le projet de « vocalisation » de Vincent Tholomé du recueil de poésie Ce Monde.

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