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Blog Réflexions sur la littérature (2010 - 2014)

Hédi Kaddour est un de mes écrivains préférés, et logiquement nous aimons et détestons  aussi les mêmes auteurs, les mêmes livres, les mêmes attitudes, les mêmes faits et situations. Il est également l’écrivain qui m’intimide le plus : il écrit trop bien. En même temps, Hédi Kaddour aide aussi beaucoup son lecteur, par les leçons d’écriture, qui deviennent toujours des leçons de pensée et de vie, dont ses textes abondent.

Les Pierres qui montent. Notes et croquis de l’année 2008 (Gallimard, 2010) n’est pas un journal au sens traditionnel du terme. Organisé certes par entrées quotidiennes, au rythme des marches dans Paris (à pied, en vélo, en métro), des saisons (Hédi Kaddour est un magnifique descripteur d’arbres) mais avant tout des lectures et des exercices faits avec ses étudiants (lire et écrire, faire écrire et faire lire participent toujours du même mouvement chez lui), le livre se transforme petit à petit en un portrait de l’auteur, qui pourtant s’abstient  de toute notation d’ordre privé, et de son époque, qu’Hédi Kaddour analyse avec la même perspicacité déjà déployée dans ses fictions historiques (Waltenberg et Savoir-vivre).

Après une carrière de professeur de littérature française à l’École Normale Supérieure de Lyon et de l’écriture journalistique au Centre de formation des journalistes, le voici, en 2008, professeur de littérature française à la New York University in France et responsable de l’atelier d’écriture de Sciences Po Paris. Le lecteur a donc le plaisir de le suivre non seulement dans ses déambulations à travers Paris, mais aussi dans ses nombreux commentaires de texte. Hédi Kaddour lit et commente en effet, de manière souvent très détaillée, les auteurs au programme de l’université (Colette, Gide, Malraux, Céline, par exemple), puis toute une série de diaristes (Renard, Morand, Handke, Jünger, toujours par exemple). Ces lectures, toutefois, ne sont pas de simples comptes rendus, ni des mouvements d’humeur (j’aime/je n’aime pas), mais de véritables fragments d’analyse où les questions de style et les questions de vie se lient intimement. Par exemples interposés, Hédi Kaddour développe une idée du bon style (précision, concision, suggestion, efficacité) qui n’est pas séparable d’une idée de l’honnêteté intellectuelle et du respect des choses et du lecteur. Le style est davantage qu’une affaire de morale, c’est une question de politique, de vivre ensemble, de se mettre en question pour mieux penser les rapports avec autrui. Évidemment, ces exercices ne seraient pas pensables sans leur face cachée : les analyses critiques des contre-exemples, des écritures ratées, des modèles à ne pas suivre, des bestsellers. Toutefois, Hédi Kaddour ne se contente pas de dénoncer les erreurs de style et de pensée de certains contemporains (on les connaît tous, lui les nomme et, cruellement, les cite), il s’applique à lui-même les leçons qu’il tire de ses propres observations (il se corrige, il signale ses propres hésitations, il n’a pas peur d’avouer ses faiblesses). Ces critiques et autocritiques sont nécessaires, car “la mauvaise littérature se nourrit de la bonne qu’on n’a pas écrite” (p. 33).

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