Facebook
Instagram
Youtube

Blog Réflexions sur la littérature (2010 - 2014)

Il est deux grandes façons d’aborder la réunion en volume de textes épars, sans grande cohésion apparente (il en aussi de petites, fort nombreuses, même en laissant de côté les cas où l’on abandonne tout au seul hasard).

La première est désinvolte, faussement naïve ou innocente. L’exemple type en reste le délicieux Jaune bleu blanc (1927, reprise en L’Imaginaire), peut-être le livre le plus accompli de Valery Larbaud (il contient en tout cas son plus beau poème, « La Rue Soufflot »). On sait que ce recueil doit son existence, puis son titre et enfin son unité paradoxale, au ruban tricolore fermant la chemise où l’auteur gardait certains de ses textes. Larbaud triche un peu, évidemment, la littérature est à ce prix.

La seconde est plus énigmatique, elle exploite la résistance au principe d’assimilation qui s’impose fatalement à tout ce qui se voit réuni entre deux couvertures. La chose est plus difficile qu’on ne le pense, mais le charme de l’opération est grand.

Prenons par exemple D’un perpétuel hiver (Gallimard, 2009) d’Emmanuel Moses, plus particulièrement la première section, Êtudes, de ce livre totalement privé d’indications génériques, et sans la moindre information ni sur l’auteur, que l’on connaît aussi bien comme poète que comme romancier et nouvelliste, ni sur le contenu même. Êtudes, la première partie du livre dont elle représente un bon tiers, aligne une série de courts poèmes qui sont à la fois des textes indépendants, des textes que l’on peut regrouper en cycles, des textes que l’on doit considérer comme un tout en morceaux. Le coup de force de Moses est de maintenir ouvertes chacune de ces trois options d’un bout à l’autre de ces quelque quarante pages. Cela ne contribue pas ou peu à leur formidable tenue (je précise que ce sont également de très beaux poèmes).

Les leçons de pareille structure en filigrane, si l’on peut dire, ne sont pas minces, car peu de questions littéraires sont aussi capitales que celle de la liaison des parties et de l’ensemble. La question se pose au niveau de la syntaxe, au niveau de l’enchaînement des phrases, au niveau de certaines figures de style comme l’énumération, mais également au niveau d’un livre et, pourquoi pas, d’une œuvre. Dans les discussions à ce sujet, il faudra méditer longuement l’exemple de l’écriture de Moses et de son D’un perpétuel hiver.

25 mars 2022

L’Oreille au mur est un livre rare. L’auteur, qui est québécois, publie peu. Son thème préféré, la déambulation dans Montréal, entre domicile et lieu de …

16 février 2022

Deux cousins (l’un est architecte, l’autre historien de l’art) sillonnent le monde à la recherche d’expériences fortes, en l’occurrence muséologiques, et ils s’écrivent des lettres, …

4 janvier 2022

Je lis peu Marguerite Duras, mais sa voix, sa phrase, une certaine manière de faire le texte, sont toujours là, et toujours davantage. Cette voix …

29 novembre 2021

Josef Albers a quarante-cinq quand il part en exil aux États-Unis, juste après la fermeture du Bauhaus par le pouvoir nazi en 1933. Il s’y …

8 octobre 2021

Les nouvelles, comme tout récit, ont un début, un milieu et une fin, mais ce qui les gâche, c’est toujours leur fin, le sacrifice du …

Newsletter