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Blog Réflexions sur la littérature (2010 - 2014)
29 octobre 2012

Historien – et donc écrivain – de l’image, Carl Havelange est aussi photographe et l’on sent dès la première image de ce très beau livre – Démesures du paysage, éd. Yellow Now, 2012 – combien création et réflexion se nourrissent, s’interrogent, se relancent sans cesse. Car les photos de Carl Havelange sont, dans les deux sens du terme, pensives. Elles donnent à penser, mais elles pensent aussi elles-mêmes. Ces images témoignent en effet d’une connaissance profonde, mais jamais pédante, d’une mémoire du genre (le paysage, y compris le paysage intérieur). À travers elles, surgissent ou reviennent les formes et les enjeux fondamentaux de la photographie comme espace vécu, inscrit dans les souvenirs de qui le regarde, traversé par les hommes et les animaux, pur et dénaturé en même temps : une énigme sans fin.

Mais Carl Havelange est aussi écrivain. Les textes qui accompagnent ces images en noir et blanc (ce qui rehausse leur propre caractère d’écriture) et qui les illustrent autant qu’ils ne sont illustrés par elles, partagent avec les photographies un puissant mélange d’extrême précision et de grande retenue. S’ils ne répètent jamais les images telles quelles, ils évitent aussi le facile engouement du choc et de la juxtaposition arbitraire des mots et de la photographie. Le lecteur est invité à découvrir lui-même les échos et les convergences entre les mots et les images groupés en séquences les uns comme les autres et toujours discrètement présentés unité par unité sur le blanc des pages. Ces rapports, que l’on sent d’une densité exceptionnelle mais comme chuchotée, l’auteur a l’élégance de les proposer sans jamais les imposer à force de similitudes ou, en revanche, de criards contrastes.

Car Havelange, enfin, est aussi historien, raconteur de fables. Ses textes et ses images racontent, restituent, inventent, laissent deviner et devenir des histoires qui sont la base de toute Histoire et nous font entrer dans une histoire très personnelle où l’histoire collective des hommes est toujours présente en filigrane.

Au lecteur pensif de s’y perdre, de devenir écrivain, photographe, historien à son tour. Quand elle est vraie, l’écriture dissipe ce genre de frontières.

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