Né à Bristol (Angleterre) en 1943 et fixé à Bruxelles après de longues pérégrinations dans le monde entier, Martin Vaughn-James (1943-2009) était un artiste aux multiples talents.

Son travail a exercé une influence capitale sur la genèse du roman graphique, bien avant que ce concept ait été « inventé » par des auteurs comme Eisner ou Spiegelman. La Cage (paru au Canada en 1975, traduit aux Impressions Nouvelles en 1986 et plusieurs fois réédité) est devenu au cours des ans un livre culte. À l’occasion d’une exposition-hommage à Angoulême, Thierry Groensteen, à ce moment directeur du musée de la bande dessinée, y a même consacré une entière monographie : La construction de La Cage (2002), reprise aujourd’hui en postface.

La Cage est un livre sans structure préconstruite, sans scénario préalable, mais pas pour autant sans règles ou régularités. Bien que totalement privé de personnages et sans véritable charge narrative dans les courtes légendes qui accompagnent certaines des planches, La Cage est un livre dont les pages se tournent mais aussi se retournent fébrilement. C’est surtout une illustration somptueuse de ce que le roman graphique est capable de faire dès qu’il essaie de faire plus que raconter une histoire.

Après La Cage, Martin Vaughn-James a continué à explorer infatigablement les ressorts de son art, à la fois dans ses autres romans graphiques (L’Enquêteur, Futuropolis, 1984, rééd. Les Impressions Nouvelles, 2002 ; Chambres noires, Les Impressions Nouvelles, 2007), où l’importance de l’écriture va croissant, et dans son travail de peintre. L’album de Schuiten-Peeters (en collaboration avec la photographe Marie-Françoise Plissart), L’enfant penchée, où il apparaît sous les dehors du peintre Augustin Desombres, est un superbe hommage aux possibilités de la fusion des arts.

Aux Impressions Nouvelles