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Être un caillou

Domaine(s) :
ISBN : 978-2-87449-060-6
Format : 14.8 x 21 cm
Pagination : 192 pages
Prix : 17€
Parution : janvier 2009

« L’écriture est un carnage organisé. »

Jeanne Moulin, enfant, ravageait un corps humain dessiné sur le bitume de la cour de récréation ; écrivain, elle achève de combattre, en les décrivant au plus près, le chaos et l’angoisse qui ont menacé de la faire disparaître. De l’engloutir.

Récit autobiographique, Être un caillou est un livre d’une rare intensité dont le lecteur ne sort pas indemne. C’est l’histoire d’une femme littéralement broyée par la folie de sa mère, l’histoire douloureuse et envoûtante d’une accession au monde.

« Mémoires » sans dates où chaque moment est une lutte, le livre échappe aux schémas narratifs classiques et mêle les époques et les lieux : de la petite enfance à l’âge adulte, de la banlieue parisienne à la Suède. Brutal et physique, Être un caillou décrit de l’intérieur, en phrases courtes et directes, la façon dont Jeanne a su se sauver ; et le lecteur l’accompagne vers sa victoire, d’autant plus éclatante qu’elle a été âprement arrachée.

« C’est là et ça prend de la place. Et ça veut vivre quand on voudrait que ça meure.
Et ça s’impose.
Et ça veut se montrer.
Et ça demande son dû. Et ça demande à vivre au grand jour comme tout le monde.
Même si ça n’a pas le droit d’exister.
Même si ça ne devrait pas être au monde.
La chose, je ne peux pas la faire sortir parce qu’elle fait partie de moi. Non. Elle
est moi.
Je suis la chose qui n’est jamais née. 
»

«  À douze ans, j’ai connu mon heure de gloire. »
« La première phrase du livre est arrivée sans prévenir. Je n’avais pas le projet d’écrire quoi que ce soit qui ressemble à une autobiographie. D’ailleurs, j’ai toujours dit quand il arrivait que quelqu’un me demande pourquoi je ne me lançais pas dans une telle entreprise :
– Ah non ! Je ne vais pas y aller moi aussi de ma petite histoire !
Faire lire à d’autres le récit de ma vie me paraissait tout simplement relever d’une faiblesse pitoyable, voire honteuse.
Pourtant, je racontais volontiers ma vie à qui voulait bien m’écouter. Mes collègues de travail ont longtemps été mes victimes préférées. Elles ne protestaient pas et il est même arrivé que l’une d’elles s’inquiète de mon départ en vacances :
– Mais comment on va faire sans tes histoires ?
Dans la petite cuisine de l’hôpital, je retrouvais les talents de clown que j’avais longtemps déployés dans la cour de récréation sous les marronniers du collège.
En effet, il s’agissait d’histoires plus comiques les unes que les autres. À la pause déjeuner, les filles pissaient de rire devant leur assiette.
Je leur racontais presque systématiquement mes déboires : incident de la vie quotidienne, panne de chaudière ou chasse d’eau cassée, désaccord avec un commerçant, déception amoureuse, dispute avec un proche : les catastrophes petites et grandes se métamorphosaient par la force du récit en histoires drôles. J’avais trouvé le moyen de me plaindre sans assommer mon prochain, ce qui après tout n’est pas si facile.
J’ai donc été conteuse avant de devenir “écrivain”.
Un jour, Antoinette, ma collègue préférée, est partie en retraite. Ça m’a coupé le sifflet. Je crois que le départ d’Antoinette a joué un rôle très important dans le fait que je me sois mise à écrire autre chose que de la théorie. Elle était la confidente entourée des autres qui constituaient une sorte de chœur silencieux. Un chœur d’écoute. Comme les lecteurs maintenant.
Mais il y a une énorme différence entre ce que je raconte et ce que j’écris : le texte ne cherche pas à faire rire. Je crois qu’il veut seulement cogner.
L’écriture est un carnage organisé. »

Jeanne Moulin

Le Vif / L’Express

« Des phrases brèves. Tranchantes comme des lames. Et qui, dans ce poignant récit autobiographique expriment bien les détresses profondes, les rancoeurs et les blessures d’une femme dont l’enfance a été dominée par la bêtise et la méchanceté (les deux vont souvent de pair) d’une mère aux confins de la folie. »

Ghislain Cotton, Le Vif/L’Express, 30 janvier 2009

La Libre essentielle

« Ce qui frappe, tout au long du livre, c’est l’intelligence, vive. La narratrice, qui s’est vue comme morte, vidée, écrit des mots denses et merveilleusement animés, décrivant ses affects avec la rectitude d’un fait scientifique. Bien que, parmi ces affects et ce qui en a été la cause, des choses terribles soient rapportées, le lecteur n’est pas pris en otage. De fait, ce n’est nullement de l’apitoiement qu’on attend de lui ; encore moins chercherait-on à l’effrayer. Mais on fait confiance à son intelligence de lecteur, précisément : à l’importance qu’il accorde aux mots, et à leur justesse, dans la vie de tous les jours et pour le sens que cette vie doit avoir pour chacun de nous, finalement. »

Sémir Badir, La Libre essentielle, 3 février 2009

La Ligueur

« Un roman d’une rare intensité […]. Écrit au scalpel, en phrases courtes et directes, ce roman publié dans une collection d’écritures autobiographiques raconte le long combat d’une enfant […] pour se guérir de la folie meurtrière de sa mère. »

Michel Torrekens, Le Ligueur, mars 2009

La Libre Belgique

« Sur la page de couverture, le regard de la petite fille, à la fois effronté et déterminé, a quelque chose de fascinant. On n’y résiste pas. Une fois entré dans le livre qui se dit roman et s’avoue autobiographie, on ne sait plus trop où l’on est si ce n’est dans un récit chaotique qui bouscule les temps, les lieux et la raison. En réalité, on est dans le déraisonnable ou, plutôt, dans la folie d’une enfant qui grandit, jusqu’à la négation, en manque d’elle-même. […] Nous sommes étourdis. »

Monique Verdussen, La Libre Belgique, 27 mars 2009

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