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Corneille dans l’ombre de Molière

Histoire d'une découverte

Domaine(s) :
Genre(s) :
ISBN : 2-906131-65-2
Format : 16 x 24 cm
Pagination : 144 pages
Prix : 15€
Parution : mai 2003

Un livre événement.

L’auteur de deux comédies aujourd’hui bien oubliées – Le Menteur et La Suite du Menteur – est également celui de L’École des femmes, du Misanthrope, de Tartuffe, du Dom Juan, de L’Avare, des Femmes savantes… Il a aussi écrit l’essentiel du Bourgeois gentilhomme et du Malade imaginaire.

Il s’agit de Pierre Corneille et non point de Molière.

La collaboration entre les deux hommes a duré pendant plus de 15 ans. Elle a abouti à la création de 18 pièces, dont la plupart sont des chefs d’œuvre. Corneille a ainsi réalisé la première « comédie humaine » des Temps modernes. Molière l’a mise en scène, s’est battu pour elle et a permis qu’elle parvienne jusqu’à nous.

Ce livre est aussi un récit vivant de longues années de recherche qui ont amené à la solution d’une des plus passionnantes énigmes scientifiques : comment identifier l’auteur d’un texte inconnu ou d’origine douteuse ? Il annonce enfin la révolution que les mathématiques appliquées et l’informatique apporteront dans les sciences humaines.

L’Université de Louvain-la-Neuve (Belgique) a accueilli du 10 au 12 mars 2004, les 7e journées internationales d’analyse des données textuelles (JADT). Ce congrès réunit, une fois tous les deux ans, les meilleurs spécialistes européens de la statistique appliquée aux textes et à la langue. Quelque 200 personnes participaient aux journées de Louvain.

Le jeudi 11 mars en fin d’après midi, le congrès a assisté à une table ronde portant sur l’attribution d’auteur. La question posée aux participants de cette table ronde était la suivante : « La statistique peut-elle apporter une aide dans la recherche de l’auteur d’un texte anonyme ou d’origine douteuse ? »

Plus précisément, il s’agissait de savoir si Corneille pouvait ou non avoir écrit certaines comédies de Molière comme l’affirme Dominique Labbé (de l’Institut d’études politiques de Grenoble) dans son essai Corneille dans l’ombre de Molière (Paris-Bruxelles, les Impressions Nouvelles, 2003).

Ludovic Lebart – professeur à l’Ecole nationale supérieure des télécommunications de Paris et l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de l’analyse des données textuelles – a ouvert cette table ronde en rendant hommage à Dominique Labbé à la fois pour ses travaux souvent pionniers, pour la rigueur et la transparence de ses méthodes.

Dominique Labbé a présenté une synthèse de la méthode d’attribution d’auteur développée depuis plusieurs années dans son laboratoire. Cette méthode combine le calcul de la distance entre textes avec plusieurs classifications automatiques. Elle a, jusqu’à maintenant, résisté aux tests les plus sévères. Elle est utilisée par plusieurs équipes à travers le monde et a déjà donné lieu à plusieurs publications scientifiques.

Elle révèle que P. Corneille a écrit l’essentiel des pièces en vers de Molière et d’au moins quatre pièces en prose : L’AvareLe Bourgeois gentilhommeDom JuanLe Malade imaginaire. Il a enfin été rappelé que ces conclusions sont confirmées par de nombreux indices lexicaux et stylistiques mais aussi historiques.

Jean-Marie Viprey de l’Université de Besançon a exposé ses réticences anciennes contre le travail de Dominique Labbé mais il en a reconnu le sérieux et la rigueur. Il n’a pas contesté les proximités lexicales existant entre les deux oeuvres et il a admis que celles-ci rendaient pour le moins « plausible » l’hypothèse d’une « collaboration » régulière et approfondie entre Corneille et Molière. Il a également reconnu que de nombreux indices littéraires ou historiques pouvaient conforter cette hypothèse. Le dossier est ouvert et le travail doit donc se poursuivre avec comme but principal la compréhension de l’oeuvre.

Valérie Beaudouin (chercheuse à France Télécom R&D) a remercié D. Labbé pour son travail qui relance l’étude du théâtre classique. Ses conclusions ne sont pas remises en cause par l’analyse statistique des vers des deux auteurs qu’elle a elle-même réalisée. Au contraire, cette analyse montre une proximité remarquable de deux comédies de Corneille (Le Menteur et La Suite du Menteur) avec les grandes pièces de Molière. Cependant, elle s’est demandée si l’on n’attache pas trop d’importance à la notion d’auteur et s’il ne vaudrait pas mieux abandonner cette vision “romantique” pour se centrer sur l’intertextualité.

Hippolyte Wouters (avocat au barreau de Bruxelles) a résumé l’hypothèse présentée dans son essai Molière ou l’auteur imaginaire ? (Bruxelles, Complexe, 1990). Molière serait une sorte de raison sociale pour un groupe chargé de satisfaire le roi Louis XIV qui voulait offrir à sa cour des spectacles de bonne qualité. Ce groupe animé par Jean-Baptiste Poquelin comprenait une troupe d’acteurs, des musiciens, des ballets… et plusieurs auteurs dont le principal était Corneille. Les délais impartis par le roi étaient généralement très courts, de telle sorte que des vers ou des scènes de transition étaient parfois ajoutées au dernier moment par d’autres que Corneille.
Cette explication a semblé rallier l’auditoire et les participants ont paru tous d’accord pour estimer que les travaux de D. Labbé ouvrent de nouvelles perspectives pour l’analyse du théâtre du XVIIe siècle et pour l’histoire littéraire.

mars 2004

France 3 (L’ombre d’un doute)

L’ouvrage de Dominique Labbé a fait l’objet d’une chronique dans l’émission de Franck Ferrand entièrement consacrée aux liens existant entre Molière et Corneille, le 9 janvier 2013.

Voir l’émission sur le site de France 3

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