Coups de griffe, prises de bec se présente comme un beau livre sur la satire, textuelle et visuelle, dans la presse francophone des années trente, replacée dans une histoire longue du rire dans la presse, depuis la petite presse du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit de réfléchir à la particularité du rire des années 1930 : de quoi riait-on dans cette période d’entre-deux-guerres ? De qui en particulier ? De quelles manières ?
La crise économique de 1929, la montée des fascismes, l’homophobie, la misogynie, la xénophobie, l’antisémitisme, sont des constantes du discours médiatique de l’époque, de la grande presse populaire aux hebdomadaires politiques et littéraires, en passant par les feuilles satiriques. Mais peut-on rire de tout ? Et riait-on de tout dans cette période de crises (économique, sociale, morale, idéologique) ? Quelles cibles étaient particulièrement visées et voit-on émerger des « têtes de turc » ? Quelles frontières peut-on tracer entre l’humour, la satire et l’insulte ? Y a-t-il des lignes de démarcation entre une satire de gauche et une satire de droite, voire d’extrême-droite ?
Ces questions résonnent évidemment avec les heures les plus sombres de notre actualité. Qu’on pense seulement aux attaques terroristes subies par Charlie Hebdo en janvier 2015 et aux multiples polémiques qui impliquent les satiristes contemporains, des plateaux TV aux Guignols de l’info, en passant par les one-(wo)man-show ou internet.