Paul Otlet, né en 1868, était un juriste, bibliographe, pacifiste et utopiste belge. Il se distinguait avant tout par ses travaux en matière de bibliographie. En 1891, il publia avec Pierre Blanchemerle, Joseph Cassiers et Max Hallet le « Sommaire périodique des revues de droit », tables mensuelles de tous les articles juridiques publiés dans les périodiques belges. C’est de cette époque que date sa passion pour la bibliographie.
Dès 1892, il se mit à concevoir les projets qu’il poursuivra toute sa vie : la mise en œuvre d’une théorie globale de la documentation et l’affirmation de soi en une mondialisation des connaissances destinée à conduire l’humanité vers le progrès et la paix. En 1895, il créa l’Office international de bibliographie avec Henri La Fontaine, Prix Nobel de la paix en 1913. L’OIB devait servir de base à l’élaboration du Répertoire bibliographique universel pour lequel ils vont développer la classification décimale universelle (CDU) et le standard de 12,5 sur 7,5 cm imposé aux fiches bibliographiques, toujours en vigueur dans les bibliothèques du monde entier.
En 1906, il fonda le Musée du livre. Il devint également membre du conseil d’administration de la Bibliothèque royale de Belgique, où il s’occupa de la mise en œuvre d’un nouveau catalogue.
Dans les années 1910-1920, dans le cadre du Congrès mondial des associations internationales, il créa un musée international (aujourd’hui Mundaneum) pour réunir des collections internationales visant à illustrer le monde et ses connaissances. Berceau d’institutions internationales dédiées à la connaissance et à la fraternité, le Mundaneum devint, au cours du XXe siècle, un centre de documentation à caractère universel. Ses collections, composées de milliers de documents, ont été constituées et hébergées dans différents lieux bruxellois, dont le palais du Cinquantenaire, avant d’être installées à Mons.
Puis l’idée d’une Cité mondiale, centre international de la connaissance pour la paix, germa dans l’esprit de Paul Otlet. Ce projet, pour lequel il collabora avec plusieurs architectes, dont Le Corbusier, connaîtra de nombreuses évolutions jusque dans les années 1930. Sa concrétisation sera envisagée dans plusieurs endroits, dont Genève, Bruxelles ou encore Anvers mais il ne pourra finalement jamais se réaliser.
En 1934, il publia son ouvrage majeur, Traité de documentation. Le Livre sur le livre. Véritable testament philosophique, cet ouvrage a considérablement fait évoluer les méthodes de travail dans le domaine de la documentation. C’est aussi une préfiguration théorique d’Internet. Longtemps introuvable, il sera réédité en 1989 par le CLPCF grâce au travail de André Canonne. En 2015, les Impressions Nouvelles en ont publié un fac-similé accompagné de trois préfaces de Benoît Peeters, Sylvie Fayet-Scribe et Alex Wright.
Jusqu’à sa mort, en 1944, il va continuer de publier de nombreux ouvrages et articles sur les thèmes qui lui sont chers : mondialisme, planification des connaissances et systématisation de la documentation.
L’intérêt pour Paul Otlet n’a cessé de grandir ces dernières années, particulièrement aux États-Unis, où son œuvre est comparée au « Web oublié du temps » (New York Times).