Le spectre du militantisme politique est large dans les arts plastiques, de l’activisme politique à l’art relationnel, et il aura connu des fortunes diverses, du réalisme révolutionnaire et de l’agitprop aux happenings et autres interventions d’art engagé. Des artistes majeurs se sont illustrés par la manière dont ils entendent ne pas dissocier l’art de la vie, et l’esthétique de l’éthique.
La définition de l’art engagé a connu un bouleversement considérable au tournant des années 1970 avec l’abandon du paradigme absolutiste de l’art (« l’Art est tout ») et du politique (« la Politique est tout ») au profit de la mise en place d’un nouveau paradigme relativiste (« tout est art » et « tout est politique »). Au messianisme révolutionnaire des avant-gardes historiques se substitue ainsi un projet de réinvestissement et de réappropriation de l’espace public dans et par la pratique artistique.
À la lumière d’une tradition déjà séculaire d’art politique, et à l’aide de quelques outils conceptuels simples empruntés à la sociologie et à la philosophie politique, nous tenterons de cerner la question récurrente de la liberté et de la responsabilité politique de l’artiste, et par la même occasion de mieux comprendre le propos de cet art contemporain qui continue à nous provoquer.