Ridley Scott interroge la nature humaine par tous les moyens du cinéma, aux images choquantes autant que monstrueuses. Il renoue avec des questions philosophiques relatives à l’automate, l’animal, la machine. L’essence de l’homme est bien sûr soumise à un corps dont aucun programme n’est vraiment fixé, capable d’évoluer hors de tout instinct. Sa nature est peut-être de ne pas en avoir, de pouvoir s’en extraire par la technique. Le corps, on ne sait jamais ce qu’il peut, on ne sait pas si la machine qu’il est saura devenir spirituelle, faire naître un esprit surhumain.
Tous les films de Ridley Scott insistent sur cette faculté héroïque de déborder les limites de l’espèce. Au point de se laisser porter par un désir d’éternité qui trouve dans l’intelligence artificielle des ressources capables de nous transformer. Blade Runner, autant qu’Alien Covenant, confrontent l’homme au « Créateur » concurrencé par d’étranges robots, des cyborgs pour le remplacer. Un posthumanisme ou un transhumanisme dont l’œuvre de Ridley Scott montre les risques, les pièges d’une civilisation conquise par l’argent. Naît ainsi la volonté de s’acheter un paradis impossible pour un Prométhée des temps contemporains.