Un chef d’œuvre du roman visuel.
En cent quatre-vingt pages que ne traverse aucun personnage, Martin Vaughn-James bâtit un univers obsessionnel d’une rare puissance à partir de l’incessante transformation de quelques lieux et quelques objets : chambres peu à peu envahies par le sable, murs qui se lézardent à vue d’œil, larges taches d’huile, d’encre ou de sang, végétation proliférante qui recouvre des ruines, tableaux et cadres amoncelés dessinant le plus aberrant des musées.
La Cage (Coach House Books, 1975 ; trad. par Les Impressions Nouvelles/Mécanique générale, 2006 ; rééd. Les Impressions Nouvelles, 2010) est un somptueux labyrinthe, un ouvrage étrange devenu un classique.
Le présent ouvrage est accompagné d’une préface de l’auteur, qui le resitue dans le contexte des années 70, de la contre-culture et du Nouveau Roman.
Il est suivi d’une postface éclairante de Thierry Groensteen, « La Construction de La Cage », illustrée de nombreux documents issus des carnets de travail de Vaughn-James.
« Un livre sans histoire, un livre sans personnage. Une bande dessinée qui n’en est pas vraiment une. Étrange idée ? D’où peut-elle bien venir ? Est-elle tombée du ciel ?
L’été de 1968, je quittai Londres et débarquai à Toronto avec ma femme Sarah et un carton à dessin entier de planches crues et surréalistes. La “contre-culture” battait son plein. C’étaient les “années Trudeau” – les déserteurs, la guerre du Vietnam, le FLQ (Front de Libération du Québec), l’identité canadienne, mai 68, les assassinats américains, le Watergate, le Pop Art, Bacon, Dylan et Zappa, Borges, Bergman et Beckett, Godard et Pasolini. et j’en passe. Le psychédélisme envahissait le paysage graphique, les brumes de lointaines révolutions s’étendaient sur les rues tranquilles et vertes du Canada. »
Martin Vaughn-James
« Si le roman visuel est un genre, il a d’emblée trouvé en Vaughn-James un maître difficile à égaler, comme Töpffer avait pu l’être en son temps pour la bande dessinée. »
Thierry Groensteen