Pas brillant le bilan de la réinsertion en Belgique. Presque 50 % de récidive. Pourtant certains s’en sortent… par l’écriture. « Renaître par les mots », c’est le sujet de la rencontre du 15 novembre à 19h30 au PointCulture de Bruxelles entre deux anciens détenus et une femme devenue écrivain pour sortir de ses propres barreaux : on peut être en prison à l’intérieur de soi.
Eric Lammers, connu sous le nom de « La Bête » a marqué les années de plomb belges. Condamné à perpétuité pour double meurtre, il a passé dix-sept ans en prison. Et si il y a enduré le pire, il n’a pas perdu son temps. Il écrit, ne cesse d’écrire. « C’est pas pour être reconnu que j’écris, ce qui me pousse est plus profond, quand j’imagine que pour la première fois je serais autre chose qu’un criminel. » Voilà ce qu’il écrit à l’écrivain Caroline Lamarche qui a préfacé son livre Une âme plus si noire (Les Impressions Nouvelles, avril 2016). Et si l’expression « la littérature à l’estomac » a un sens, c’est bien à lui qu’elle s’adresse.
Mais elle peut tout aussi bien s’adresser à Alain Collin, lui aussi a connu la prison.Il n’écrit pas, mais dévore les livres, et partage ceux qu’il aime en les « récitant » là où on l’invite. « Ce n’est pas moi qui suis venu chercher les livres, dit-il, ce sont eux qui sont venus à moi, qui m’ont fait découvrir que j’avais un “moi”. »
Chantal Dellicour, elle, suite à un double deuil, était enfermée à l’intérieur de son « moi ». Une chute et l’incitation d’un ami, la poussent à écrire et à éditer soigneusement elle-même une vingtaine de petits livres. L’un d’eux se nomme « Mise au monde » : « Les chutes successives et brutales de votre corps contre la terre vous ont fracturé non seulement les os fragiles, mais également le dur carcan intérieur qui vous emprisonne. »
Trois destins pour cette rencontre : entr’eux la même passion, les mots qui sauvent.
Soirée animée par Marie-Hélène Rabier (Commission de surveillance de Forest-Berkendael) et Juliette Moreau (Observatoire International des Prisons)
Entrée libre, réservation indispensable : mh.rabier@gmail.com