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Blog L'enfance de l'art
17 octobre 2018

Presque tous mes livres traitent de l’amour, on me demande parfois pourquoi.

C’est un choix romanesque plus qu’une obsession. Un thème intime, comme la neige et la nuit.

Ce qui m’intéresse vraiment, dans ce sujet sans fin, ce n’est pas l’étude du sentiment, ni la revisitation d’instants de feu, qui ne sont plus que cendres. C’est la dynamique. C’est l’aventure. C’est la circulation infinie d’un capteur au hasard du champ amoureux.

L’amour s’impose à moi par un système de rencontres plus intenses, plus diverses, plus particulières que presque toutes les autres activités humaines. Il constitue une suite de circonstances inattendues, de surprises opportunes qui vous font entrer partout, là où on n’a rien à faire, là où on ne vous attend pas.

Peut-être un médecin, un huissier, a-t-il aussi l’occasion de pénétrer dans tous les milieux, dans tous les intérieurs. Mais il le fait, si on peut dire, en surface ; il reste en deçà de la vie personnelle des êtres qu’il rencontre. Au lieu que l’amoureux, l’amoureux professionnel, ou en tout cas l’amoureux perpétuel, entre par tous les moyens possibles chez autrui (un certain type d’autrui) et devient son intime, non seulement par la sexualité, mais par l’intériorité. Une sorte de connaissance immédiate efface les barrières, ouvre les portes d’un simple tour de clé.

Si j’imagine le lendemain de la veille, le lendemain de la première fois, dans la chambre aux draps tordus, le roman me saute aux yeux. L’amoureux, réveillé le premier, regarde autour de lui et voit une terre inconnue, avec toutes les traces d’une présence à laquelle il ne participe pas. Un verre vide, des vêtements en boule, un livre retourné, les rideaux ramagés, un placard qui baille, des photos au mur, des lampes rondes, des peluches d’enfance, un téléphone qui charge en attendant le réveil.

Se retrouver dans le lit vide d’une chambre nouvelle, entendre au loin le fracas de la douche, capter par tous les pores les griffures et les fatigues de la nuit, c’est exactement comme se mettre à écrire. On sent naître ou renaître un immense désir d’accomplissement, de recommencement. On cherche des yeux une plume, un papier. On n’en trouve pas. Personne ne semble jamais avoir rien à noter, dans les nids d’amour.

Juger ainsi du ressort de quelques aventures qui se sont transformées en pages imprimées, ne sert pas à les évaluer d’une manière sentimentale, mais permet d’échapper aux impressions subjectives, à la fausse modestie, à l’examen critique, à la vantardise, à la honte, aux regrets. Ce qui a eu lieu, existe. L’important est de recentrer la mémoire et de retrouver les chemins qu’elle emprunte, parmi des amours de rêve, pour réinventer le présent.

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