Au premier abord, la couverture pourrait sembler sage, presque trop consensuelle : un message de fraternité, dans le prolongement des grands rassemblements de dimanche. « Tout est pardonné » : pourquoi pas, à condition de se souvenir avec Jacques Derrida qu’on ne peut pardonner que l’impardonnable.
Mais le dessin et le titre peuvent se lire de façon plus ironique : si Mahomet lui-même se sent Charlie, alors oui, tout est pardonné aux amis de la dernière heure et aux récupérateurs de tous poils.
Et l’impertinence est là, discrète mais bien présente, au cœur du dessin de Luz. Si le visage de Mahomet est d’une profonde tristesse, il ne faut pas beaucoup d’efforts pour trouver des allures de bite à son turban. Et la larme blanche rappelle cette fiente de pigeon sur l’épaule de François Hollande, qui fit pouffer Luz dimanche.
Bref, c’est une vraie image, directe et complexe à la fois, un parfait mélange d’intelligence et d’évidence. Merci à Luz pour son courage et son talent. Merci Charlie.